La macronie est aujourd’hui dans l’impasse parce qu’elle est née d’un néant intellectuel, politique et historique. Elle est incapable de s’inscrire dans l’Histoire parce qu’elle n’en a pas. Elle n’est qu’une coquille vide sans idéologie pérenne issue d’une culture managériale recyclée en conception du pouvoir et de l’Etat.
Ce mode de gouvernement n’a pas de sens profond, il brouille les codes politiques et militants, se vend comme pragmatique et tenant du bon sens. En fait, il n’est qu’un instrument des plus riches. On ne peut pas dire qu’il se met au service des plus riches, il est littéralement la créature d’un capitalisme fascisant et n’a pas d’autre raison d’être que la destruction de la classe ouvrière. Ils ne veulent plus de travailleurs, ils veulent des esclaves, faire de nous une ressource humaine.
Ce vide à combler est un chantier immense, car la nation s’est construite sur une Histoire complexe, un narratif (parfois inventé d’ailleurs) peuplés de héros, de mythes, de luttes et d’échecs. Etre français n’est pas tant une histoire d’origine que l’adhésion à un imaginaire collectif, parfois grandiose, parfois plus difficile.
Comment, alors, s’inscrire dans cet imaginaire quand le chef était un parfait inconnu, valet de la bourgeoisie, trois mois avant de devenir le plus haut personnage de l’Etat? Comment devenir quelqu’un quand on est qu’un instrument du pouvoir économique?
La macronie triomphante a trouvé la solution: le vol.
Le vol pur et simple de l’Histoire d’un peuple dont elle ne fera jamais parti du fait de son mépris pour ce qui n’est pas elle.
On fêtera au 15 mars l’anniversaire du programme politique, social et économique du Conseil National de la Résistance. Cette organisation fédérée par Moulin dans un premier temps en 1942 a pour but de rassembler les différents mouvements de résistance en France, elle regroupe partis et syndicats clandestin de la France au combat.
A l’approche de la libération, elle deviendra le laboratoire d’un projet commun pour la France revenue de l’occupation.
Le nom de ce programme incroyable pour l’époque (bien qu’imparfait) est plein de promesses: Les Jours Heureux.
Ce programme répond à un besoin de changement, elle n’est pas le rêve d’un retour à la société d’avant guerre. Les jours heureux, c’est le retour à des principes démocratiques, la sécurité sociale, l’abolition des chartes du travail au profit d’un droit syndical renforcé, la nationalisation des entreprises, le droit à la retraite pour les travailleurs et travailleuses âgés, le droit au travail et au repos, l’accès au droits politiques pour les populations “indigènes et coloniales”, la nationalisation des intêrets stratégiques et des richesses naturelles et de leur exploitation.
L’esprit mis en avant de cet ambitieux projet n’est pas d’inspiration gaulliste (il s’agit de dire que de Gaulle était un conservateur, l’archétype du militaire de petite noblesse, nationaliste et catholique) il a été porté par des hommes issus de la CGT de Croizat, de la SFIO de Blum, du PCF de Manouchian, bien qu’ils ne furent pas les seuls composantes de CNR.
A la libération, bien que son organisation a été décimé par les déportations et les exécutions, l’aura du conseil ne faiblit pas et ce n’est pas de gaîté de cœur que de Gaulle se retrouve à aller dans le sens des masses prolétaires au grand damne du patronat. Le patronat ayant largement mis la main à la pâte pour collaborer, il se retrouve exclu des affaires de l’Etat. De Gaulle reconnaîtra lui-même qu’il se trouvait obligé de composer avec des forces de gauche, avec des communistes et des cégétistes parce qu’il n’avait pas eu l’occasion de croiser de patrons à Londres.
Cette histoire, si riche et porteuse d’espoir, la macronie ne peut s’en réclamer. Déjà parce qu’elle est opposé au progrès social et que le New Public Management n’a jamais combattu que les faibles et le droit de ceux qui font la société dans sa diversité.
Plutôt que de s’inspirer du combats des martyrs de l’Histoire de France, et de la lutte sociale et politique, elle a tenté de récupérer la force de leur combat en singeant le CNR à travers la création du ridicule Conseil National de la Refondation, organisation bancale… dont il n’est rien sorti depuis 2022. Il semblerait que la France des feignasses ne soit pas tant celle du Chomdu et du RSA qu’on pointe du doigt pour justifier les attaques contre les plus faibles. Ce … truc, aurai pour vocation d'”avancer” ensemble à l’avenir du pays. Sa composition vend du rêve: LREM et Bayrou, les syndicats jaunes les plus soumis, le Medef, l’assemblée nationale qui ne représente plus personne..
Avance devant, on te rejoint…
Cette singerie immonde n’est pas la seule initiative de récupération de nos amis capitalistes réduits à encourager des organisation fascisantes pour rester aux manettes d’un pays vendu aux gens d’argent.
Non contents de nous voler notre histoire en tant que militants sociaux et syndicaux, ceux qui ferment les hôpitaux, qui pillent la Sécu, qui laissent pourrir nos écoles, qui saborde le service public sous couvert de progrès nous volent aussi nos héros.
La panthéonisation de Missak Manouchian n’est pas un acte d’humilité face à un homme qui n’aura eu d’autre prétention qu de servir son pays d’accueil de la part de notre président, c’est un calcul sordide, une récupération des plus crasses. Macron a volontairement occulté qui était Manouchian: un militant syndical, membre du parti communiste, amoureux d’un pays qui lui a refusé la nationalité française par deux fois.
Avec sa mèche toujours impeccable et son ton de séminariste, Macron nous a vendu un Manouchian lavé de ces péchés de prolétaires en lutte. Pendant la cérémonie, on a interdit les drapeaux communistes jusque dans les rues adjacentes et on a volontairement éclipsé Léon Landani, dernier FTP MOI encore en vie, torturé en 44, survivant miraculeux de la cérémonie parce que trop communiste. Marine Le Pen a elle été invitée au nom du protocole bien que son parti ait été créé par des collabos, des miliciens, des SS de la division Charlemagne et des mecs de lOAS..
Le but affiché était de rassembler les français en célébrant un amoureux du pays des droits de l’Homme. Par contre, comme la macronie est le royaume du “en même temps”, on vote des lois contre l’immigration, contre la protection sociale des immigrés, on s’acoquine avec l’extrême droite la plus révisionniste, on salue la mémoire de Pétain.
D’ailleurs, pourquoi ne pas le faire reposer au côtés de Missak et Mélinée? Quitte à se vautrer dans l’obscénité…
On savait déjà que les sbires du capital avaient la main leste quand il s’agit de s’accaparer les fruits du travail des prolétaires, on savait déjà que couper les têtes qui dépassent était un mode de gouvernement pour les possédants. On savait déjà que culturellement, la grande bourgeoisie ne produit rien qui puisse se targuer d’un peu de fond et qu’elle “emprunte” aux plus pauvres leur culture et leur savoir pour mieux les rabaisser.
Par contre, le fait de nous voler notre Histoire dans ce qui fait sa substance et notre raison d’exister en temps que classe est assez nouveau. Espérons quand même que les mémoires collectives se rappellent longtemps de Missak et Mélinée Manouchian, de Leon Landini, d’Ambroise Croizat, et de Louise Michel; et qu’elle oublie bien vite ceux qui salissent leur mémoire à des fins de récupération les plus viles.
Le 15 mars, écrivons la suite des jours heureux!
Sources:
Qui était Missak Manouchian, figure de la résistance communiste?
Léon Landini, dernier FTP MOI ignoré par la macronie.
Le Conseil National de la Résistance et son projet
Le Conseil National de la Refondation, une blague même pas drôle.
Les fondateurs d’un parti que le président place dans l’arc républicain.