Montre moi tes amis, je te dirai qui tu es…
La Territoriale, aujourd’hui, est le parent pauvre de la fonction publique, et apparemment, ce n’est pas faute de s’en occuper. Pas moins de trois ministres sont impliqués à sa gestion au plus haut sommet de la Macronie triomphante. Pour travailler au massacre du parent pauvre de la fonction publique Stanislas Guérini n’est pas seul, Darmanin est aussi impliqué via la DGCL qui est responsable de l’application des lois au sein de la territoriale et dépend de l’Intérieur. Enfin, les chantres de la simplicité ont adjoint une ministre déléguée aux collectivités territoriales à la non gestion de la chose…
Dominique Faure est une macroniste convaincue depuis qu’il n’y a plus rien à tirer des affiliations politiques traditionnelles au centre. Quand Rachida Dati a déclaré que la Macronie, c’était “un parti de traîtres de gauche et de droite”, elle savait de quoi elle parlait, elle a cependant oublié ceux qui avaient épuisé le filon centriste, première victime de l’émergence du grand génie du libéralisme décomplexé.
Après avoir erré dans les décombres de l’UDI, elle a pu revenir à des responsabilités nationales en 2022 grâce à l’estampille Ensemble qui l’a portée à la députation en Haute Garonne. Enfin, elle est entré au gouvernement en temps que secrétaire d’état à la Ruralité du gouvernement Borne. Puis le sacre: ministre déléguée aux collectivités, le 28 novembre 2022.
Elle est reconduite au sein du gouvernement Attal au même poste en 2024 après quatre semaines d’une attente insoutenable qu’elle a adroitement comparée à l’attente des analyses lorsqu’on vient de se faire diagnostiquer un cancer. Élégance, pondération, merci Madame.
Malgré cette incroyable parcours et cette intelligence de la formule, Madame Faure n’est pas tant le sujet qui nous occupe dans cet article. Ce sont plutôt ses amitiés et ses choix en terme de collaboration professionnelle qui nous intéressent.
Afin de s’acquitter de sa tâche, Madame la ministre s’est adjoint les services d’un conseiller spécialiste des collectivités… Ce merveilleux couteau suisse de la Ruralité décentralisée, c’est Nicolas Evrard, maire de Servoz, bucolique localité alpine à deux pas de Chamonix, depuis 2014. Pourquoi, diable, cet élu divers gauche pose-t’il donc problème?
Déjà, en France se réclamer d’une étiquette divers gauche, ce n’est pas lié au fait de se reconnaître dans des idées de gauche sans se reconnaître dans un parti constitué. Cette étiquette, correspond plus à une idéologie centriste qu’à une réelle philosophie politique de gauche. C’est un étiquette à peu de frais pour lier des alliances avec à peu près n’importe qui aurait besoin d’un copain de circonstance. C’est assez raccord avec l’ambiance de La République en Marche et de ses sbires…
Le vrai souci, c’est que pour une fois qu’un bras de ministre a un passé politique et militant, celui-ci est lié à l’extrême droite la plus crasse. On croyait avoir touché le fond avec leur vision de la société civile, du management et du gouvernement, et bien non!
Ce bon Nicolas a en effet connu une jeunesse turbulente au sein d’un mouvement syndical étudiant pour le moins singulier: Renouveau Étudiant. Qualifié de “néo fasciste” par Libération, ce syndicat identitaire et nationaliste n’avait pas seulement trouvé en Evrard un militant dévoué, il est en devenu, le “Chef” comme on dit chez les fachos. Il dit pourtant avoir été seulement embrigadé quelques semaines. Mouais…
Il a aussi été directeur d’un misérable torche-cul: “Offensive pour une nouvelle université” sympathique hebdo qu’on dit émaillé de croix celtiques. Prenons des pincettes, il est impossible d’en trouver un exemplaire aujourd’hui. Embarrassant peut être?
Déjà, à l’époque, il était peu inspiré en matière de ralliement et de traîtrise. Élu grand chef sioux d’un syndicat sans élus en 1997, il a cru bon de rejoindre le putsch mégrétiste qui visait à dédiaboliser le FN en sacrifiant Le Pen sur l’autel de l’électoralisme, et ce, dès 98. Un champion…
Il s’est aussi présenté en 1994, en Côte d’Or , aux cantonales, sous une étiquette FN. Sans doute un embrigadement passager là aussi.
Ce CV est un souci quand on se place en tant qu’individu, alors quand on parle d’un conseiller politique de cabinet ministériel… Même lavé et blanchi par un gouvernement d’incompétents chargés de détruire l’Etat providence, ce monsieur est un néo fasciste, n’en déplaise à Madame Faure. Le fascisme, c’est comme l’alcoolisme, on en guérit jamais, on devient abstinent, au mieux. Comment ce gouvernement peut-il recruter sans vérifier les activités passées de ses collaborateurs. Sans aller jusqu’à des points culminants comme la nomination de Monsieur Evrard, cette façon d’absoudre les copains est très gênante en ce sens qu’elle ne semble embarrasser personne.
Comme si copiner avec des gens peu recommandables était insuffisant, le ministère crache sur les valeurs de la Territoriale en nommant ce type abject. Nous servons. Sans conditions. C’est là notre engagement professionnel au quotidien. Vous pouvez faire parti de n’importe quelle minorité, qu’elle soit ethnique, religieuse, politique; vous avez droit au même service, à la même implication, qu’on vous aime ou pas, même les enfants de militants de mouvements ethno-racistes seront accueillis à la cantines par des cégétistes car ce sont là nos valeurs. Tout le contraire du fascisme des bas de plafonds en bombers et rangers que gérait Monsieur Evrard.
Cette nomination en dit long sur la façon que Renaissance a de gérer les troupes de la fonction publique, sans tenir compte de la philosophie qui guide leur action. Elle dit aussi la façon que ces opportunistes indécrottables emploient pour lutter contre l’extrême droite.
Montre moi tes amis, je te dirai qui tu es…
Sources:
Article de Libé: Au ministère des Collectivités, l’ancien chef d’un syndicat néofasciste conseiller de Dominique Faure
Lien: Grogne à Servoz: l’étonnant Monsieur Evrard
Renouveau étudiant: quelques dates sur un GUD en plus light
Les héritiers de RE. La cocarde étudiante.
Etre ministre ça n’empêche pas les outrances les plus grossières.